L’ONU appelle à aider les Soudanais déplacés de force qui commencent à rentrer chez eux
publié le : 27 juillet 2025 à 06h05min | MàJ : il y a 5 heures
Rédacteur : Gabon Matin

Alors que le conflit persiste dans la majeure partie du Soudan, des poches de sécurité relative sont apparues et, à ce jour, plus de 1,3 million de personnes déplacées de force dont 300.000 réfugiés sont rentrées chez elles, principalement dans les États de Khartoum, de Sennar et d’Al Jazirah, où l’impact de plus de deux ans de guerre est immense.
Les agences des Nations Unies ont averti que les conditions de retour restent périlleuses en raison des dégâts massifs et de l’effondrement des services de base.
Les directeurs régionaux du Haut-Commissariat de l’ONU pour les réfugiés ( HCR ) et de l’Organisation internationale pour les migrations ( OIM ) se sont récemment rendus à Khartoum et ont pu constater la dévastation généralisée et le manque chronique de services pour les habitants.
« Plus qu’une preuve du désir des gens de retourner dans leur pays, ces retours sont un appel désespéré à la fin de la guerre afin que les gens puissent revenir et reconstruire leur vie », a déclaré Mamadou Dian Balde, coordinateur régional des réfugiés pour la crise du Soudan, qui vient de rentrer de Khartoum et de Wadi Halfa, à la frontière avec l’Égypte.
S’attaquer aux « dommages invisibles de la guerre »
Le responsable du HCR appelle à une plus grande solidarité internationale avec le peuple soudanais déraciné par cette « guerre horrible ».
En attendant, des efforts sont en cours pour fournir de l’eau potable, renforcer les capacités des centres de santé à fournir des services et à prévenir la propagation de maladies mortelles comme le choléra, et veiller à ce que les familles aient accès aux produits de première nécessité tels que la literie et les articles d’hygiène. Les personnes vulnérables qui arrivent dans les zones frontalières bénéficient d’un transport et d’argent pour acheter de la nourriture, des médicaments et des vêtements.
Des espaces sécurisés pour les femmes sont mis en place à Khartoum et Al Jazira afin de fournir une aide juridique aux victimes de violences sexuelles. Des plans sont également en cours pour l’enlèvement des déchets, y compris les débris dangereux de la guerre.
« Nous sommes engagés dans une course contre la montre pour déblayer les décombres et fournir de l’eau, de l’électricité et des soins de santé. Nous devons également offrir un soutien à plus long terme pour l’emploi et les entreprises et nous attaquer aux dommages invisibles de la guerre », a déclaré Abdallah Al Dardari, Directeur du Bureau régional pour les États arabes du Programme des Nations Unies pour le développement ( PNUD ).
Conditions de vie périlleuses
Si les combats se sont calmés dans les zones de retour, les conditions restent périlleuses. Les infrastructures publiques - lignes électriques, routes et systèmes de drainage - ont été complètement détruites. Les écoles et les hôpitaux ont été détruits ou transformés en abris collectifs accueillant les familles déplacées.
Les documents d’état civil perdus ou détruits et l’impossibilité de les remplacer signifient que les gens ne peuvent pas accéder aux services existants. Outre les dangers posés par les munitions non explosées, les violences sexuelles et les violations des droits de l’enfant sont très répandues.
S’exprimant depuis Port-Soudan, le directeur régional de l’OIM a souligné la nécessité de soutenir les rapatriés dans leur choix volontaire de retour. « Les milliers de personnes qui cherchent à rentrer chez elles sont animées par l’espoir, la résilience et un lien durable avec leur pays. Toutefois, il est essentiel de souligner que le retour doit rester un choix volontaire, éclairé et digne », a insisté Othman Belbeisi.
Un pays toujours ravagé par la guerre
Malgré ces retours, des centaines de personnes continuent de fuir chaque jour à l’intérieur du Soudan et au-delà de ses frontières, en raison du conflit en cours, en particulier dans les régions du Darfour et du Kordofan.
Depuis le début du conflit actuel, plus de 12 millions de personnes ont été déplacées de force. Plus de quatre millions ont cherché refuge dans les pays voisins, dont 3,2 millions de réfugiés soudanais et quelque 800.000 réfugiés qui étaient auparavant accueillis par le Soudan et qui sont rentrés chez eux pour échapper à la violence.
Au total, 4 millions de réfugiés soudanais se trouvent dans les pays voisins, y compris ceux qui ont été déplacés avant le conflit actuel.
Alors que le conflit s’intensifie dans les Kordofan et au Darfour, les agences font face à un déficit de financement. Elles n’ont reçu que 23 % des 4,2 milliards de dollars nécessaires pour apporter une aide vitale à près de 21 millions de personnes vulnérables à l’intérieur du Soudan.
S’agissant de la réponse aux réfugiés, seuls 16 % des 1,8 milliard de dollars nécessaires pour venir en aide aux 4,8 millions de personnes qui se sont exilées en République centrafricaine, en Égypte, en Éthiopie, en Libye, au Soudan du Sud, en Ouganda et au Tchad.