VIH/sida : la RDC lance un plan pour éliminer le VIH chez les enfants
publié le : 17 juin 2025 à 09h00min | MàJ : il y a 5 heures
Rédacteur : Gabon Matin

Dans le cadre de la lutte contre le VIH/sida en République démocratique du Congo (RDC), le Président Félix Tshisekedi vient de lancer une initiative qui vise à éliminer le sida chez les enfants congolais d’ici à 2030.
« Notre pays ne saurait tolérer plus longtemps que des enfants naissent et grandissent avec le VIH, alors que des outils existent pour prévenir, dépister et traiter efficacement cette infection » , a affirmé le président Tshisekedi en lançant cette initiative, lors de la clôture de la Conférence des gouverneurs à Kolwezi, dans la province du Lualaba.
« L’éradication du sida pédiatrique est une exigence morale, un impératif de justice sociale et un indicateur de la dignité », a souligné le dirigeant congolais dans des propos rapportés par l’ONUSIDA.
L’initiative marque un engagement renouvelé du pays pour corriger l’accès extrêmement limité des enfants aux services de prévention et de traitement du VIH.
Des enfants à la traîne
En effet, alors que la RDC a enregistré des avancées majeures dans la réponse au VIH ces dernières années, les enfants restent largement à la traîne.
Environ 91 % des adultes vivant avec le VIH bénéficient aujourd’hui d’un traitement antirétroviral, grâce à un effort collectif impliquant le gouvernement, la société civile, les communautés, le secteur privé et des partenaires comme le PEPFAR, le Fonds mondial, l’ONUSIDA et la Fondation Elizabeth Glaser pour le sida pédiatrique (EGPAF).
Toutefois, chez les enfants, seulement 44 % de ceux qui vivent avec le VIH ont accès à ce traitement vital. Ce taux est resté désespérément bas depuis plus d’une décennie.
Chaque année, des milliers d’enfants congolais sont encore infectés, souvent en raison de l’absence de dépistage chez les femmes enceintes, ce qui prive le système de santé d’une occasion cruciale de prévenir la transmission mère-enfant et de maintenir les mères en vie.
Cette situation reflète plusieurs faiblesses systémiques : un accès limité à des services de santé sexuelle et reproductive de qualité pour les femmes, une mauvaise intégration des services VIH dans les soins maternels et infantiles, une chaîne d’approvisionnement fragile en médicaments essentiels, et une coordination insuffisante entre les services publics et les communautés.
Quatre priorités concrètes
L’initiative présidentielle se veut une réponse concrète et coordonnée à ces défis.
D’une durée de cinq ans et dotée d’un financement initial d’au moins 18 millions de dollars issus de fonds nationaux, l’initiative entend mobiliser un leadership politique fort à tous les niveaux, notamment au sein des gouvernorats provinciaux.
À travers cette initiative, la RDC s’engage à accélérer les efforts dans 4 domaines prioritaires :
- Améliorer le dépistage précoce et le traitement du VIH pour les enfants, adolescents et femmes enceintes
- Prévenir les nouvelles infections chez les enfants, adolescents et les mères
- Garantir une mise sous traitement « systématique et sans délai » des personnes diagnostiquées
- Supprimer les barrières structurelles qui entravent l’accès des adolescents au service de santé, notamment à travers des approches respectueuses, adaptées et inclusives
Bouffée d’oxygène
Pour l’ONUSIDA, cette initiative est une bouffée d’oxygène dans un contexte de rareté croissante des financements pour le développement.
« À l’heure où le financement au développement connaît des turbulences et exerce une pression sur les systèmes qui soutiennent les plus vulnérables, le leadership du Président Félix Tshisekedi à travers le lancement de cette initiative est une lueur d’espoir », a salué la Directrice du Bureau de l’ONUSIDA en RDC, Dr Susan Kasedde. « L’ONUSIDA soutient pleinement ce programme audacieux et inspirant ».
Avec cette initiative, la RDC veut changer la donne pour une génération entière d’enfants trop longtemps laissés pour compte dans la riposte au VIH.
« Nous proclamons un engagement national, celui de garantir à chaque enfant congolais le droit de naître et de grandir sans le fardeau du VIH », a dit le chef d’Etat congolais. « Nous avons les moyens d’y parvenir, nous avons surtout le devoir de le faire ».